Etape 10 - Retour au Cap - Petit moment de détente sur Long Street
Samedi 15 octobre 2016. Après cette excursion avortée sur "Table Mountain" (bad experience !), pas question de se laisser abattre. Il convient de remonter le moral des troupes. Et quoi de mieux qu'un bon petit endroit bien douillet pour faire l'affaire ? "Ok, Léa, ça te dit de retourner sur Long Street, au Cap ?" Ma fille retrouve illico le sourire. Allez go, le temps de reprendre le téléphérique dans le sens du retour, de brancher le gps et de démarrer la voiture, nous y sommes en un petit quart d'heure. Mais il est déjà 17 heures, pas question de rester longtemps sur place. Trop dangereux après la tombée de la nuit. Pas d'homme-garage en gilet fluo en cette fin d'après-midi pour garder la voiture. On remonte rapidement Long Street, le temps de faire quelques clichés des plus belles demeures de la rue principale du Cap.
Pour la petite histoire, ce sont d'abord les Portugais, Diego Cão en 1485, puis Bartolomeu Diaz qui débarque à Mossel Bay en 1488, puis enfin Vasco de Gama, 10 ans plus tard, qui découvrent la pointe du Cap. Celle-ci ne fait alors figure que d'une simple étape sur la route des Indes. Puis les Hollandais et les Anglais commencent à s'y intéresser. L'étape devient plus "confortable" pour les marins. Quelques bagnards anglais tentent même de s'implanter au début du XVIIe, mais ils sont repoussés par les autochtones. Il faudra donc attendre le milieu du XVIIe que la VOC, une association de huit compagnies maritimes néerlandaise décide d'établir une sorte de comptoir au Cap. Et pour cause, les marins trouvent là une souce d'eau douce qui permet de désaltérer les marins de passage. Ainsi naquit la ville du Cap : un point d'eau, un poste de ravitaillement en viande fraîche, en fruits et légumes. Le 6 avril 1652, Jan Van Riebeeck débarque ici avec sa femme hugenote française et fait dresser un premier fort et décide de planter un vaste potager... Le Cap devient alors la base de ravitaillement en produits frais pour les navigateurs de la VOC.

Ironie du sort, Jan Van Riebeeck fait bientôt planter une longue haie d'amendiers pour séparer symboliquement les colons des indigènes Khoi-Khoi qui l'alimentent en bétail. C'est le premier acte de ségrégation raciale de l'Afrique du Sud. La cohabitation tourne rapidement au vinaigre et pour contrer les Khoi-Khoi, Jan Van Riebeeck fait venir des esclaves des colonies d'Asie du sud-est, d'Indonésie, d'Inde et de Malaisie. Des marins illétrés complètent le tableau. Bientôt incapable de payer leurs salaires, la VOC devra les libérer de leurs contrats. Ils deviendront ainsi les premiers citoyens libres, les "free burghers". Ces derniers commencent aussitôt à cultiver la terre, puis à négocier leurs récoltes avec les bateaux de passage... et achètent leurs premiers esclaves. Ils seront rapidement rejoints par des exilés protestants français, fuyant le royaume après la révocation de l'Edit de Nantes, en 1685. Trois ans plus tard, 175 Hugenots français débarquent ainsi au Cap. Ils cultivent à leur tour la terre après avoir juré fidélité à la VOC et aux princes de Hollande. La colonie s'agrandit.

C'est au XVIIIe siècle que la ville prend véritablement son essor, et ce, malgré une épidémie de variole qui décimera blancs et Khoi-Khoi. De nouvelles rues sont tracées, des administrations se développent. De grandes bâtisses sortent de terre, avec balcons, tourelles et ferroneries d'art. C'est ainsi que naît le Cape Dutch dont on peut encore apercevoir quelques beaux exemples le long de Long Street. La VOC fait face à de plus en plus de mécontentement de la part des Free burghers. Certains colons commencent à quitter la ville et à fonder leurs propres plantations. Les premiers conflits avec les Xhosas éclatent. Ils seront quasi permanents tout au long du XIXe siècle. La population khoisan fait les frais de cet appétit de nouvelles terres : violences, mauvais traitements, viols, assassinats et mise en esclavage...

Après cette belle balade le long de Long Street (et ce petit cours d'histoire !), retour vers notre point de chute de la veille pour déguster un des meilleurs burgers de ma vie (eh oui, ça existe aussi !). Du coup, on s'attarde un petit moment dans le café, le temps de taper la discut' avec des habitants du quartier qui nous apprennent à serrer la main en Afrique du Sud (rencontre, amitié et prospérité). Ok, bientôt 18 heures. Il est grand temps de retrouver Anne-Marie à Hout Bay, notre chambre bien sympathique et son système d'alarme prêt à se déclencher à la moindre intrusion. C'est aussi ça, l'Afrique du Sud : l'ultra-sécurité. Il est vrai que Le Cap et Johannesbourg détiennent le record du monde d'agressions dans le monde. Ok, sur ces bonnes paroles, bonne nuit.

|